A la fin , Il ne restera plus que des tartigrades !

On revient sur un animal aux super-pouvoirs qui défient l’entendement. 

Le Tardigrade
Le Tardigrade © Getty / STEVE GSCHMEISSNER

Il s’agit d’un invertébré microscopique, adoré des geeks et qui est considéré comme l’être vivant le plus résistant sur notre planète. Apparu il y a plus de 500 millions d’années, le tardigrade est un modèle de choix pour les scientifiques. 

Avec ses allures de Pokemon, celui qui est surnommé « l’ourson d’eau » en raison de ses griffes, est parvenu à survivre à toutes les grandes extinctions de masses. Le généticien Simon Galas qui élève des tardigrades dans son laboratoire de Montpellier rappelle que la bestiole a colonisé toute la planète. On retrouve le tardigrade non seulement dans nos jardins ou dans nos gouttières mais aussi dans les profondeurs des océans, sur le sable des déserts brûlants, sur les banquises glaciales du continent Antarctique. Véritable merveille de la nature, le tardigrade qui ne mesure pourtant que quelques dizaines de millimètres de long, affiche une résistance qui dépasse l’entendement. 

Jugez plutôt : notre bête peut supporter des températures pouvant aller de -272°C à 150°C. Elle peut survivre de nombreuses années sans eau ni oxygène, résister à l’acide, au sel, aux hautes pressions et même à l’hostilité du vide intersidéral. En 2007, une colonie de tardigrades embarquée à bord d’un vaisseau spatial a été exposée pendant 10 jours à des rayonnements solaires pouvant atteindre 7 000 kilojoules/mètre carré soit mille fois plus qu’au niveau de la mer. 

Hormis quelques bactéries, aucun être vivant sur terre ne pourrait survivre à ce traitement de choc. Et bien les tardigrades si !

De retour du cosmos, la plupart d’entre eux avaient survécu malgré une déshydratation extrême.

Et quels sont les secrets de cette résistance ?

En séquençant le génome de deux espèces particulières, des chercheur japonais ont découvert les mécanismes lui permettant de revenir à la vie après s’être desséché pendant plusieurs années avec seulement 1% de l’eau qu’il contient à l’état normal. On appelle cet état extrême : l’anhydrobiose

Et bien ceci est possible grâce à des protéines protectrices qui prennent la place de l’eau dans les cellules de l’animal tant que l’humidité n’est pas revenue ! Des sortes de parapluies moléculaires qui vitrifie le tardigrade à mesure qu’il perd son eau. Le tardigrade devient dans ces conditions un véritable cristal vivant. Il reste dans un état proche de la mort mais sans jamais passer l’arme à gauche. Des chercheurs qui avaient congelé des tardigrades en 1983 les ont sortis du froid 30 ans plus tard. Après plusieurs jours de réveil, les bestioles se sont mis à bouger, se nourrir et se déplacer comme si de rien n’était. L’un d’entre eux a même pondu des œufs qui ont éclos. 

Simon Galas souligne que cet animal suscite un intérêt croissant concernant ses capacités de résistances face à tous les stress possibles. Et en santé humaine, la compréhension de ses mécanismes protecteurs pourraient nous permettre de comprendre sur quel bouton moléculaire il faudrait appuyer pour faire disparaître les dommages du stress auxquels nous sommes soumis. Le tardigrade est un animal fascinant. Et ne nous y trompons pas, cet "ourson d’eau" a beau être minuscule c’est bien lui le véritable maître du monde !