BRUNO LATOUR : Où atterrir ?Comment s'orienter en politique

OU VA T'ON ATTERRIR ?

 

Description

Cet essai n’a pas d’autre but que de saisir l’occasion de l’élection de Donald Trump, le 11 novembre 2016, pour relier trois phénomènes que les commentateurs ont déjà repérés mais dont ils ne voient pas toujours le lien — et par conséquent dont ils ne voient pas l’immense énergie politique qu’on pourrait tirer de leur rapprochement.

Au début des années quatre-vingt-dix du siècle dernier, juste après la « victoire contre le communisme » symbolisée par la chute du mur de Berlin, à l’instant même où certains croient que l’histoire a terminé son cours, une autre histoire commence subrepticement.

Elle est d’abord marquée par ce qu’on appelle la « dérégulation », et qui va donner au mot de « globalisation » un sens de plus en plus péjoratif ; mais elle est aussi, dans tous les pays à la fois, le début d’une explosion de plus en plus vertigineuse des inégalités ; enfin, ce qui est moins souvent souligné, débute à cette époque l’entreprise systématique pour nier l’existence de la mutation climatique. (« Climat » est pris ici au sens très général des rapports des humains à leurs conditions matérielles d’existence.)

Cet essai propose de prendre ces trois phénomènes comme les symptômes d’une même situation historique : tout se passe comme si une partie importante des classes dirigeantes (ce qu’on appelle aujourd’hui de façon trop vague « les élites ») était arrivée à la conclusion qu’il n’y aurait plus assez de place sur terre pour elles et pour le reste de ses habitants.

FACE A GAÏA

 

Description

vous pouvez entendre le début du chapitre 2; le début du chapitre 3; le début du chapitre 7.

James Lovelock n’a vraiment pas eu de chance avec l’hypothèse Gaïa. En nommant par ce vieux mythe grec le système fragile et complexe par laquelle les phénomènes vivants modifient la Terre, on a cru qu’il parlait d’un organisme unique, d’un thermostat géant, voire d’une Providence divine. Rien n’était plus éloigné de sa tentative. Gaïa n’est pas le Globe, n’est pas la Terre-Mère, n’est pas une déesse païenne, mais elle n’est pas non plus la Nature, telle qu’on l’imagine depuis le 17ème siècle, cette Nature qui sert de pendant à la subjectivité humaine et de tas de sable pour l’ingénuité des hommes. La Nature constituait l’arrière-plan de nos actions. Elle obéissait à des lois mais ne se mêlait pas de nos histoires.

Or, à cause des effets imprévus de l’histoire humaine, ce que nous regroupions sous le nom de Nature quitte l’arrière-plan et monte sur scène. L’air, les océans, les glaciers, le climat, les sols, tout ce que nous avons rendu instable, interagit avec nous. Nous sommes entrés dans la géohistoire. C’est l’époque de l’Anthropocène. Avec le risque d’une guerre de tous contre tous.

L’ancienne Nature disparaît et laisse la place à un être dont il est difficile de prévoir les manifestations. Cet être, loin d’être stable et rassurant, semble constitué d’un ensemble de boucles de rétroactions en perpétuel bouleversement. Gaïa est le nom qui lui convient le mieux.

En explorant les mille figures de Gaïa, on peut déplier rétrospectivement tout ce que la notion de Nature avait confondu : une éthique, une politique, une étrange conception des sciences et, surtout, une économie et même une théologie. Finalement la Nature était très peu terrestre et surtout très peu matérielle. Gaïa, c’est le nom du retour sur Terre de tout ce que nous avions un peu rapidement envoyé off shore.

Alors que les Modernes regardaient en l’air, les Terrestres regardent en bas. Les Modernes formaient un peuple sans territoire, les Terrestres recherchent sur quel sol poser leurs pieds. Ils reviennent sur une Terre dont ils acceptent enfin d’explorer les limites ; ils se définissent politiquement comme ceux qui se préparent à regarder Gaïa de face.

Nous n’avons jamais été modernes - essai d’anthropologie symétrique

 

Date: 1991 [1997: Paperback edition]

Publisher: La Découverte

Language: French

 

Description

Depuis une vingtaine d’années, mes amis et moi, nous étudions ces situations étranges que la culture intellectuelle où nous vivons ne sait pas où ranger. Nous nous appelons, faute de mieux, sociologues, historiens, économistes, politologues, philosophes, anthropologues. Mais à ces disciplines vénérables nous ajoutons à chaque fois le génitif : des sciences et des techniques. “Science studies”, est le mot des Anglais, ou ce vocable trop lourd “Sciences, Techniques, Sociétés”. Quelle que soit l’étiquette, il s’agit toujours de renouer le noeud gordien en traversant, autant de fois qu’il le faudra, la coupure qui sépare les connaissances exactes et l’exercice du pouvoir, disons la nature et la culture. Hybrides nous-mêmes, installés de guingois à l’intérieur des institutions scientifiques, mi-ingénieurs, mi-philosophes, tiers-instruits sans le chercher, nous avons fait le choix de décrire les imbroglios où qu’ils nous mènent. Notre navette, c’est la notion de traduction ou de réseau. Plus souple que la notion de système, plus historique que celle de structure, plus empirique que celle de complexité, le réseau est le fil d’Ariane de ces histoires mélangées.

Biographie

Courte bio: Bruno Latour est professeur émérite associé au médialab de Sciences Po. Il continue d'enseigner dans le programme expérimental arts et politiques (SPEAP) de Sciences Po. A partir de janvier 2018 il est également pour deux ans fellow au Zentrum fur Media Kuntz de Karlsruhe où il a fait déjà trois expositions et professeur à temps partiel à la Horschule für Gestaltung (Hfg) aussi à Karlsruhe. Il a écrit et édité une vingtaine d'ouvrages. Il est membre de plusieurs académies, a reçu de nombreux doctorats honoris causa et a reçu en 2013 le Prix Holberg. Il est chevalier de la Légion d'honneur et officier de l'Ordre du mérite. 

 

Bio développée: Bruno Latour, né en 1947 à Beaune, en Côte d'Or, après une agrégation de philosophie, s'est formé à l'anthropologie en Côte d'Ivoire. Il a longtemps enseigné dans des écoles d'ingénieur, le CNAM d'abord, puis l'Ecole des Mines où il avait rejoint le Centre de sociologie de l'innovation en 1982. De 2006 à 2017 il a été professeur à Sciences Po Paris dont il a dirigé la recherche de 2007 à 2012. Il a enseigné dans de nombreuses universités à l'étranger.

Il a pris sa retraite des programmes créés par lui à Sciences Po. Le médialab maintenant dirigé par Dominique Cardon, l'école des arts politiques (SPEAP) maintenant dirigée par Frédérique Ait-Touati; le programme d'enseignement par la cartographie de controverses (FORCCAST) maintenant dirigé par Nicolas Benvegnu, et le programme de recherche de Paris Sorbonne Cité, Politiques de la terre, maintenant dirigé par François Gemenne. Il continue d'assurer le suivi du projet EME (Enquête sur les modes d'existence) et le site associé.

Sur la sociologie des sciences il a publié La vie de laboratoire (1979 pour la première édition anglaise; traduit en six langues), Les Microbes Guerre et paix, 1984, traduit en quatre langues sur les liens entre la révolution de Pasteur et la société française du 19° siècle, La science en action, Poche, Folio, 1987 pour la première édition en anglais; traduit en dix langues) et de nombreux articles sur l'innovation technique. Il a résumé les disputes philosophiques portant sur les études sur les sciences dans L’espoir de Pandore. Pour une version réaliste de l’activité scientifique.

Sur la sociologie des techniques, il a publié une étude de cas sur un métro automatique Aramis ou l'amour des techniques (Prix Roberval 1992, traduit en trois langues) qui lui a permis de résumer les recherches effectuées depuis de nombreuses années sur la dynamique des innovations et la philosophie des techniques qu'elle implique.

Il a résumé ces recherches sur les sciences et les techniques pour le grand public dans deux ouvrages: Petites leçons de sociologie des sciences et Cogitamus Six lettres sur les humanités scientifiques en 2010 traduit en six langues.

Ces études ayant débouché sur la définition d'une théorie sociale un peu différente dite de l'Acteur Réseau, il l'a développée dans Changer de société –refaire de la sociologie et dans un livre à la fois papier et numérique Paris ville invisible. 

Une recherche sur le droit comme mode d'existence a eu pour résultat La fabrique du droit: une ethnographie du Conseil d'Etat et sur la religion comme mode d'existence Jubiler ou les difficultés de l’énonciation religieuse.

Ses travaux d'anthropologie des modernes ont donné lieu d'abord à Nous n'avons jamais été modernes en 1991 (traduit en 23 langues) et en 2012 Une enquête sur les modes d'existence synthèse des recherches précédentes. Il a constitué de 2011 à 2014 une plateforme collaborative qui accompagne le livre

Sur la question environnementale il a publié et Politiques de la nature-comment faire entrer les sciences en démocratie (traduit en huit langues) qui fait la synthèse des travaux sur la philosophie de l'environnement, puis en 2015 Face à Gaïa et en 2017 Où atterrir?

Après avoir été commissaire de l'exposition Iconoclash, il a organisé en 2005 une autre exposition, toujours avec Peter Weibel, au ZKM de Karlsruhe Making Things Public, et en 2016 Reset Modernity! expositions qui ont toutes les trois fait l'objet de volumineux catalogues aux presses du MIT, Cambridge, Mass.

 

Prix et Récompenses:

1992: Prix Bernal décerné par la Society for the Social Studies of Science.

1992: Prix Roberval du Livre et de la Communication grand public (pour Aramis ou l’amour des techniques).

1996: Doctorat Honoris causa décerné par l’Université de Lund, Suède.

2005: Chaire Spinoza de l'université d'Amsterdam pour le trimestre de printemps.

2006: Doctorat Honoris causa, Université de Lausanne.

2007: Colloque de Cerisy en juin 2007 à l'occasion de ses 60 ans.

2008: Doctorat Honoris causa, Université de Montréal.

2008: Médaille d'honneur de l'Institut des études avancées de l'Université de Bologne.

2008: Elu membre de l'American Academy of Arts and Sciences.

2008: Récipient du prix Siegfried Unseld (Francfort) pour l'ensemble de son oeuvre.

2008: Doctorat Honoris causa de l'Université de Goteborg.

2009: Doctorat Honoris causa de l'Université de Warwick.

2010: "Prix pour la culture" 2009 de l'Université de Munich.

2010: Nam June Paik Center Award remis en Corée par le Nam June Paik Center, Novembre 2010.

2010: Reçoit la subvention de recherche ERC (European Research Council) pour une enquête sur les modes d’existence (AIME)

2012: Fait chevalier de la Légion d'Honneur.

2013: Donne les Gifford Lectures en Théologie Naturelle à Edimbourg en Février 2013.

2013: Reçoit le Prix Holberg pour 2013 (considéré comme le "Prix Nobel" pour les sciences sociales et les humanités).

2013: Médaille d'or de la Ville de Toulouse pour sa participation au festival Novela.

2014: Donne les Tanner lectures at Yale University en mars 2014.

2014 : Elu membre associé de l'Académie royale de Belgique, Classe Technologie & Société.

2014: Reçoit le prix de l'Académie française Raymond de Boyer de Sainte-Suzanne pour Jubiler. 

2015: Elu pour cinq ans professor-at-large à l'université Cornell.

2015: Nommé Albertus Magnus professor, University of Cologne June 2015.

2016: Reçoit le doctorat Honoris Causa, University of Edinburgh.

2017: Elu correspondant étranger de la Royal Danish Academy of Sciences and Letters section Sciences Sociales. 

2017: Fait officier de l'ordre du mérite par Nicolas Hulot ministre de l'environnement.

Ouvrages de Présentation et de Commentaire 

Georg Kneer, Markus Schroer and Erhard Schüttpelz, Bruno Latours Kollektive. Kontroversen zur Entgrenzung des Sozialen, Suhrkamp, Frankfurt (2007).

Graham Harman, Prince of Networks: Bruno Latour and Metaphysics, de-press (2009).

Reiner Ruffing, Bruno Latour, UTB Profile, Stuttgart (2009).

Arno Bammé, Wissenschaft im Wandel. Bruno Latour als Symptom, Metropolis, (2008).

Blok, Anders, and Torben Elgaard Jensen. Bruno Latour - Hybride Tanker I En Hybrid Verden. Hans Reitzels Forlag, Copenhagen, (2009).

Schmidgen, Henning (2011) Bruno Latour zur Einführung, Berlin, Junius Verlag (Schmigden, Henning (2014) Bruno Latour in Pieces, Fordham University Press)

Blok, Anders and Jensen Torben Elgaard (2011) Bruno Latour Hybrid thoughts in a hybrid world, London, Routledge.

Miller, A. S (2013) Speculative Grace. Bruno Latour and Object Oriented Theology, New York: Fordham University Press.

McGee, Kyle (2013) Bruno Latour: The Normativity of Networks, London: Routledge.

Harman, Graham (2014). Bruno Latour. Reassembling the Political, London: Pluto Press, 2014.

Lynch, Paul & Nathaniel Rivers (2015). Thinking with Bruno Latour in Rhetoric and Composition, Carbondale: Southern Illinois University Press.

Kyle McGee, (2015) Latour and the Passage of Law, Edinburgh, Edinburgh University Press.

Gerard de Vries (2016) Bruno Latour, Polity Press, London./(2018) traduction française Bruno Latour -Une introduction, Editions la Découverte.

Henning Laux (editor) (2016) Bruno Latours Soziolgie der 'Existenzweisen'", Transcipt Verlag, Berlin.

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Selection d'entretiens approfondis en français

 

1995: « De l’acteur-réseau au parlement des choses », in M (Mensuel, marxiste, mouvement) numéro 75 spécial sur Sciences, Cultures, Pouvoirs (interview J. C. Gaudillère). pp.31-38.

 

2003: « Il ne faut plus qu’une science soit ouverte ou fermée », entretien rédigèé électroniquement avec Jean-Marc Lévy-Leblond in Rue Descartes Revue du Collège International de Philosophie « A quoi sert la philosophie des sciences » pp.65-79 n°41 2003.

 

2006: « Entretien » réalisé par Arnaud Fossier et Edouard Gardella in Tracés (revue ENS Cachan) n°10 pp. 113-130.

 

2008 : « Cosmopolitique de la science » in Aliocha Wald Lasowski (sous la direction de) Pensées pour le nouveau siècle, Fayard, pp. 107-130.

 

2010 : « L’alternative compositioniste. Pour en finir avec l’indiscutable », entretien avec Denis Chartier, Ecologie & Politique n°40, 2010, pp.81-94.

 

2012: « L’œuvre de Bruno Latour : une pensée politique exégétique » Laurent Godmer et David Smadja, Raisons Politiques, n°47 pp. 115-148.

 

2012 : « L’universel il faut le faire » entretien avec Elie During et Laurent Jean-Pierre, Critique, n°786, Novembre 2012, pp. 949-963.

 

2014: : « Composer un monde communFranck Damour François Euvé et Nathalie Sarthou-Lajus, Les Etudes, N°4212 Janvier 2015 pp. 69-78.

 

Vous trouverez ici de nombreuses intervention de Bruno Latour 

https://www.youtube.com/results?search_query=Bruno+latour+

 

Son site personnel : http://www.bruno-latour.fr/fr