JOHN JEAVONS ET LA MICRO AGRICULTURE BIO-INTENSIVE

John Jeavons et la méthode biointensive

par absidea

 

 

Pour la saison 2010 au jardin, il me faut de vrais résultats. L’expérimentation tous azimuths, c’est bien, mais il faut aussi se souvenir que d’autres ont expérimenté avant moi, et que s’ils conseillent de faire les choses d’une certaine manière, c’est probablement parce que ça marche.

 

La permaculture et l’agriculture naturelle sont un mode de pensée, un cadre de conception, mais jamais un gage de réussite. Il faut imiter la nature, mais après quatre ans d’essais-erreurs, je vois bien que c’est loin d’être suffisant. De mes quelques réussites je tire une motivation intacte. Et de mes échecs nombreux je tire une profonde humilité, laquelle je vais essayer de mettre à profit cette année pour appliquer plus consciencieusement les conseils des autres.

 

Remontant aux sources de la permaculture, de l’agro-écologie, et de l’agriculture de synergie, j’ai décidé d’appliquer (quasi) à la lettre les conseils de John Jeavons dans son manuel « How to grow more vegetables« , au moins dans le coin du jardin que je réserve à la production intensive. Intensive en rendement, intensive en soins, et intensive en vie. D’où son nom de biointensive.

 

En effet, l’inspiration principale de John Jeavons, digne héritier d’Alan Chadwick, provenait des jardins maraîchers qui nourrissaient Paris au XIXe siècle. Contraints par l’espace, mais riches du crottin des milliers de chevaux qui faisaient tourner Paris, les maraîchers de Montrouge, Châtillon, Montreuil, Aubervilliers, Saint-Denis, Noisy-le-sec, etc. avaient développé des méthodes de maraîchage sur couche chaude dont les rendements à l’hectare sont réellement ahurissants. A la suite d’Alan Chadwick, et inspiré par la biodynamie (mais sans les grigris), Jeavons remplace le crottin de cheval des maraîchers d’antan par du compost issu des végétaux produits sur place.

 

Les caractéristiques principales de la méthode biointensive sont les suivantes :

 

Culture sur buttes double-bêchées. Une fois établie, la structure peut se maintenir pendant plusieurs années.

Utilisation de grandes quantités de compost issu des végétaux produits sur place.

Plantations serrées, comme dans la nature.

Associations de plantes mutuellement bénéfiques.

Céréales sur environ 60% des buttes pour produire la paille et donc l’apport en carbone du compost.

Cultures qui produisent un maximum de calories par unité de surface (patates, poireaux, panais) sur 30% des buttes

Variétés anciennes et non pas des hybrides ou des clones

Système intégré, avec ses rotations pour continuellement accroître la fertilité

Double-bêchage

Tout commence par un double-bêchage du sol des buttes, en tâchant de ne pas inverser la couche superficielle et la couche profonde. Jeavons conseille de répandre une couche de 3 centimètres de compost avant de commencer le travail, de façon à ce qu’il se retrouve incorporé dans la première épaisseur. Je vous renvoie vers l’excellent article du Sens de l’Humus pour savoir mener ce double-bêchage. Au passage, l’article fournit de bons arguments pour se convaincre que ce travail du sol initial n’est pas contraire à l’esprit de la permaculture. Pour des schémas de principes, essayez la requête « double dig raised beds » dans google images.

 

Ingrédients pour le compost

Jeavons prévoit ses cultures pour produire dans son jardin la totalité des ingrédients nécessaires à son compost. D’où la recommandation de faire pousser une grande proportion de céréales, afin de disposer de beaucoup de paille. Comme il faut toujours que je discute les conseils des professeurs, je me permettrai d’aller faire pousser mes céréales en bas du jardin, puisqu’elles demandent beaucoup moins d’attention que les légumes. Comme ça je libère de la place dans la « Zone I« .

 

Compostage

Le compost dans la méthode biointensive est fait très consciencieusement. J’ai déjà fait un tas de compost de façon consciencieuse, et je trouve que c’est beaucoup de travail. Je serais plus tenté de faire comme Emilia Hazelip et m’écarter de la méthode de Jeavons en pratiquant le compostage ‘de surface’ où l’on se contente de laisser les déchets de cuisine et la paille à même le sol. Toutefois, je vais m’efforcer de produire consciencieusement assez de compost pour au moins deux ou trois buttes qui soient gérées comme le conseille Jeavons.

 

Fertilisation

Jeavons préconise d’amender initialement le sol avec certains apports selon les éventuelles carences. Dans mon cas, il s’agira sûrement d’apporter du Calcium, puisque la terre d’ici est assez acide (un peu comme en Bretagne). Heureusement, avec tous les vieux enduits à la chaux que j’ai piqués pour rénover ma maison, j’ai une bonne réserve de calcaire pour chauler mes buttes.

 

Semis et plantation

Jeavons fait le maximum de semis en caissettes, afin d’optimiser l’utilisation des buttes (il démarre même les carottes en caissettes et les repique quand elles sont assez petites, genre la première vraie feuille à peine visible). Dans la mesure du possible, j’utiliserai des plaques alvéolées à la place, mais le principe reste le même. De la sorte, le temps que les graines germent puis que les plants grandissent en godets, le terrain est occupé par une culture précédente. Je zapperai sur les pages qui précisent quand semer quoi selon les phases de la Lune. D’abord parce que ça complique encore davantage le calendrier, et ensuite parce que lui-même précise que c’est controversé et facultatif.

 

Plans de culture

Le coeur du livre, ce sont les plans, les rotations et les calendriers détaillés pour les buttes, commençant avec dix mètres carrés la première année, puis montant en puissance d’année en année jusqu’à un jardin de 130 m² nourrissant une famille de quatre personnes. Rappelons que sur le total, environ 80m² sont en céréales, et encore 20m² en patates. Le plus précieux est probablement le tableau qui recense une longue liste de légumes avec les rendements attendus et donc l’espace à y consacrer. Ca m’évitera d’avoir dix fois trop de persil et dix fois pas assez de carottes.

 

Voilà. Je vais choisir l’un de ses schémas de plantation, et j’essaierai de m’en inspirer le plus possible. J’espère en tirer une meilleure compréhension du jardin, qui pourra ensuite me servir pour concevoir le mien avec moins de risques d’échec.

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